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Ammalie : Vécus d’une terrassière

Les pattes dans la vase, dans mes plus lointains souvenirs, j'ai toujours aimé jouer avec la terre. Quand il faisait chaud, après les cours, je me rendais au parc, accompagnée de ma sœur et de mes parents. Je ne jouais pas avec les autres enfants, je préférais rester seule à faire mes propres expériences. Je découvrais à chaque fois cette joie de se salir, la sensation des mains humides, de la boue sous les ongles. J'étais là, allongée dans l'herbe, l'odeur de la terre fraîche qui emplissait mes narines, mes doigts qui creusaient à la recherche de petits insectes.
 

J'adorais ces petites bestioles, les criquets, les coccinelles, les gendarmes, les vers de terre. J’aimais surtout les fourmis et les escargots. Je les prenais dans mes mains pour les tripoter, les découvrir, j'apprenais à les connaître puis, je les reposais tranquillement, sans leur faire de mal. J'aimais ces jeux qui rebutaient les autres enfants et dégoûtaient les adultes au point qu'un jour, une femme m'a menacé de me faire manger de l'intérieur par les insectes à force de les toucher. Peu importe, quoi que les autres en disent, j'aimais gratter la terre.

A la plage, au lieu de faire des châteaux, je creusais dans le sable jusqu'à ce qu'il soit bien humide. Je voulais faire un trou assez profond pour pouvoir y entrer entièrement. Alors j'y passais plusieurs heures jusqu'à me sentir assez satisfaite de mon terrier-de-plage.

J'aime tout gratter du bout de mes doigts. Je les visualise comme de puissantes griffes. J'aime creuser tout court. J'aime planter mes ongles là où je peux découvrir diverses textures, explorer mes sens. Je n'utilise pas mes griffes invisibles nécessairement pour blesser ou pour me défendre. J'aime griffer car cet acte à ce petit quelque chose de rassurant.

Il y a aussi le terrier. Le mot « terrier » a tellement de sens à mes yeux.
Le terrier, c'est, à mes yeux, la bulle de protection, la chaleur, l'odeur et l'humidité. Petite, je voulais avoir mon propre petit terrier, je me cachais sous les draps avec mes peluches afin de créer une sorte de tente. C'était mon territoire, les peluches étaient mes frères et sœurs. Me basant sur mes loisirs du quotidien, je les imaginais parfois à l'allure de Pokémons. Et on se mélangeait, entassés les uns sur les autres, comme le font les familles de trolls. J'adorais ça. Parfois, je prenais quelques fruits et des gâteaux, histoire de grignoter dans mon terrier-de-draps avec ma famille imaginaire.

J'appréciais également les films, histoires et dessins animés qui se déroulaient dans des milieux souterrains. Suite à cela, je m'imaginais creusant une galerie et vivant ma vie de petite bestiole.

Aujourd'hui encore, je trouve cette notion de terrier importante, mon thériotype devait forcément avoir un côté terrassier. J'aime me sentir dans un petit lieu doux et isolé. Pas enfermée, piégée dans un endroit confiné, mais contenue, comme dans un cocon familier, chaleureux et sécurisé. J'aime les tentes, j'aime les cabanes et ces terriers-maisons comme celles des Hobbits, des Barbapapas ou des Télétubbies. J'ai toujours rêvé d'avoir mon véritable terrier, une petite yourte serait parfaite.

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