“L’enfant bizarre”,
 

Voilà comment les gens m'ont décrit toute mon enfance, constamment dehors à jouer dans la boue, attraper les sauterelles dans les hautes herbes, courir dans les champs ou dans la forêt, alors que les autres enfants de mon âge restaient devant la télé ou jouaient “normalement”. J’avais constamment les ongles sales, ce qui dégoûtait les autres, mais moi, je m’amusais, mes souvenirs d’enfance heureuse se résument principalement à ça.
 

À l’école, on se moquait de moi, car j’avais toujours les cheveux toujours emmêlés, très vite des rumeurs ont circulé à mon sujet, les gens m’évitaient et m’insultaient, et puis contrairement aux autres enfants qui criaient ou pleuraient dans ce genre de situation, mon moyen de défense à moi était de mordre, j’étais considéré comme mal élevé par les enseignants et les adultes. Pour ne rien arranger, j’ai également des troubles dys, je me sentais souvent en décalage avec les autres.
 

En grandissant, quand je suis arrivé au collège, les choses se sont empirées, le harcèlement continuait de plus belle, on me reprochait mon poids, et même mon caractère, j’ai fini par me détester, à détester mon humanité, mon corps. À cette période, je trouvais que les animaux étaient de meilleure compagnie que les humains, j’aurais tout donné pour en être un.
 

J’ai également vécu beaucoup d’homophobie, je rêvais d’être comme tout le monde, d’être “normal”. Et puis un jour, j’ai compris que ça ne servait à rien de prétendre être ce que je ne suis pas et qu’être moi-même était le plus important.
 

Il y a maintenant presque 3 ans, j’ai découvert par hasard la thériantropie, je me suis renseigné sur le sujet et dans ma tête tout à fait sens. Depuis enfant, je sais que je suis “pas comme les autres”, qu’il y avait quelque chose en plus de mon humanité, toutes ces petites choses que l’on considérait comme bizarre chez moi. J’ai grandi avec une tante très spirituelle et je crois à beaucoup de choses liées à ça, dont la réincarnation, qui est une de mes plus grandes croyances. Cette découverte donnait aussi un sens à mes membres fantômes, cette sensation étrange que j’avais toujours ressentie, sans jamais arriver à mettre un mot dessus.
 

J’ai fait beaucoup de recherches sur le sujet, ça m’a peu à peu mis sur la piste de mes théorisations, en faisant le point dans ma tête de tout ce qui était “animal” chez moi. Je me suis trompé plusieurs fois avant d’arriver au point où j’en suis aujourd’hui, cette phase de doute n’était pas la plus agréable et avouer que je m’étais trompé l’était encore moins, mais ça en valait la peine ! Je n’ai jamais vraiment eu de dysphorie d’espèce, même si j’avoue que je rêverais d’avoir des oreilles et une queue pour communiquer dans certaines situations.
 

Avant de conclure, je voulais vous partager une petite anecdote. Je ne sais pas si c’est lié au pas, mais j’ai un odorat très puissant. Je peux sans problème identifier une personne que je connais si elle est assez proche de moi juste à son odeur, ou encore savoir si quelqu’un est venu chez moi dans la journée, cela n’a peut-être rien à voir avec ma thériantropie, mais en tout cas, c’est une drôle de coïncidence, sachant que mes thériotypes ont un odorat très développé.
 

Voilà c’était mon histoire, elle n’a rien d’exceptionnel ou d’extraordinaire, juste l’histoire d’une personne thérian comme les autres. J’espère que ça vous a plu et que peut-être certains se sont reconnus dans ce que j’ai dit. Surtout, n’oublie jamais qu’il faut être fier de qui on est, et surtout être soi-même !