Thérianthropie ? C’est-à-dire ?

« Thérianthrope est un terme utilisé pour désigner un individu ayant le sentiment profond et constant d'être - en partie - un animal, au dépens de sa biologie, de son entourage et de son environnement humain. Cette personne peut, alors, s'identifier de manière intense, sérieuse et permanente en tant qu'un ou plusieurs animaux qui lui correspondent. »

La thérianthropie est avant tout un ressenti intérieur, le besoin de se définir sous les traits d'un ou de plusieurs animaux. Cette identité n'est pas un choix ni une simple « connexion animale ». Il ne s'agit pas non plus d'une attirance ou le souhait d'incarner un animal. Par ailleurs, certaines personnes n'avaient aucun atome crochu avec leur animal au départ. On ne peut pas, non plus, devenir thérian ou encore faire disparaître subitement ce ressenti. Il sera généralement là pour toute notre vie. Au final, être thérian, c'est se ressentir comme étant un au plus profond de nos tripes. La thérianthropie nous accompagne durant toute notre existence. Elle est ancrée dans notre psychée. Bien que souvent présente dans la petite enfance, il est possible de découvrir notre identité à tout âge.

Afin de trouver avec exactitude la forme de leur thériotype, les thérians doivent s'étudier et chercher l'animal qui leur correspond le plus, en fonction de leur vécu, de leurs actes, de leurs sentiments et émotions, de leurs pulsions et de leurs ressentis afin de pouvoir les nommer en un ensemble cohérent.

Il n'est pas rare que certains individus disent connaître des expériences ésotériques et spirituelles en lien avec leur thériotype. Beaucoup affirment être la réincarnation d'un animal que cette identité d'une autre vie continue à leur coller à la peau encore aujourd'hui. D'autres pensent avoir une âme animale qui aurait été assignée au mauvais corps. Dans tous les cas, la thérianthropie n’est en aucun cas religieuse.

Certains expriment leurs sensations comme étant en lien avec leur psychologie et/ou leur neurologie. En effet, une assez grande partie des personnes concernées sont neuroatypiques (autisme, trouble dys, trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité etc.), ont un handicap psychique, ont connu des traumatismes durant l'enfance ou ont vécu dans un environnement particulier avec une éducation spécifique. Certains affirment également que leur animalité fait partie de troubles dissociatifs. Dans toutes ces situations, elle est toujours une conséquence et non une cause.

Pour d'autres, la thérianthropie n'est pas liée à un trouble ni a de la neurodivergence : les concernés voient leur identité comme une particularité naturelle produite par leur cerveau. Certains, pour citer leurs propos, pensent être nés ainsi : leur identité animale était déjà présente dès leur arrivée dans ce monde, comme le fait d'avoir les yeux bleus ou d'être homosexuel.

Au final, personne ne sait vraiment d'où vient exactement la thérianthropie et peut-être que ce mystère restera éternellement entier. Peu importe l'origine de l'identité thérian, ce qui compte, c'est que l'on soit tous là aujourd'hui !

Certains conçoivent leur identité comme un cocon, un moyen de se protéger, un pilier, un soutien, une figure sur laquelle ils peuvent s'identifier lorsqu'ils se sentent éloignés de l'humanité occidentale classique.

En dehors des ressentis et expériences métaphoriques, certaines personnes thérians expliquent connaître des expériences littérales et palpables propre à leur animalité dans leurs actes et mouvements, leur caractère, leurs ressentis physiques, leur manière d'être, leurs envies et pulsions. Bien entendu, la personne concernée reste lucide de son humanité (du moins de son corps humain), elle n'est ni dans le déni, ni délirante. Être thérian n'est pas une forme de lycanthropie clinique, ce n’est pas une pathologie : l'individu ne se croit pas capable de se transformer, ne nie pas l'existence totale de son humanité et de sa biologie humaine. Une personne thérian est consciente de son humanité. Jamais elle n'utilisera son identité pour excuser de la violence ou un mauvais comportement en public. La thérianthropie ne pardonnera, par ailleurs, jamais la zoophilie ou autre comportement sexuel déviant.

Même si la communauté thérian est de plus en plus jeune, notamment dû à la démocratisation de la thérianthropie réseaux sociaux tel que TikTok, il ne faut pas oublier que l'identité animale n'est pas quelque chose de « cool » ou de « spécial » ayant pour unique but de se pavaner devant les autres. Il s'agit d'un concept sérieux qui concerne de nombreux adultes, et absolument pas d’une identité fausse qui ne refléterait pas la personne concernée.

Finalement, une personne thérian a une vie lambda, une existence semblable à tout un chacun. Un thérianthrope a une vie de famille classique, elle peut avoir un travail, un conjoint... Son identité n'a pas une incidence vraiment négative (mise à part dans le cadre de la dysphorie) sur son quotidien en tant que tel, et si un tel impact survenait, consulter un médecin pourrait alors être pertinent.

Enfin, suite aux nombreuses confusions que j'ai pu lire sur Internet, il me semble important de rappeler que la thérianthropie n'a aucun lien avec la communauté LGBTQUIA+, communauté concernant l’identité de genre et l'orientation sexuelle. Bien qu'il s'agisse de questions identitaires, les thérians ne se définissent pas comme étant trans-espèce, bien qu’il soit possible d'être alter-humain et LGBT en parallèle. Je tiens à préciser que les thérians ne luttent contre rien - si ce n'est pour être respecté - et ne vivent aucun enjeu ni combat : les thérians ne recherchent pas une reconnaissance de la société ni de l'État. Les alter-humains ne souhaitent pas que le terme « thérian », « otherkin » soit inscrit dans le dictionnaire. Les thérians ne souhaitent pas prendre un traitement équivalent aux prises d'hormones et aux bloqueurs d'hormones auxquels les personnes transgenre peuvent avoir recours. Les thérians ne désirent pas faire des opérations de « réassignation d'espèce ». Les thérians ne veulent pas que le terme « chien » apparaisse sur leurs papiers d'identité. Les thériansne veulent pas de pride. La thérianthropie est avant tout un ressenti personnel, une identification intérieure qui ne nécessite pas d'être forcément partagée au monde.

Il ne faut pas confondre la thérianthropie avec :

• Le Furry :

Il s'agit d'un art (dessin, écriture, couture…) où l'on se représente sous les traits d'un animal (ou d'une créature ayant des traits animaux) anthropomorphique. Le furry est une passion, un loisir. Être furry ne définit pas entièrement une personne, à la manière d'un individu qui aurait un style vestimentaire gothique ou d'un individu qui se considère comme étant otaku ou geek. On peut très bien être thérian et furry à fois.

• Le rôle-play :

Il s'agit de loisir consistant à incarner un personnage dans le cadre de jeux de société type Donjons & Dragons, ou encore au sein de groupes et forums de discussion dédiés à cet effet. Contrairement au rôle-« play », la thérianthropie n'est pas un loisir ou un jeu, mais une réalité permanente.

• Le Petplay :

Il s'agit d'une forme de jeu de rôle où les participants incarnent un animal (généralement un chien, un chat ou un cheval) pour s'amuser. Lors d'événements, ils se déguisent en leur bestiole de prédilection et se comportent comme telles. Généralement, les pratiquants portent un déguisement : un masque animal en cuire, une fausse queue... Souvent, cette discipline est liée au BDSM avec la notion d'animal soumis et de maître. Il s'agit dans certains cas d'une paraphilie qui est donc parfois liée à la sexualité, bien que cela ne soit pas systématique.

• Le quadrobic :

Il s'agit d’une activité sportive assez récente et beaucoup pratiquée sur les réseaux sociaux tels que Instagram ou bien TikTok. Les concernés vont réaliser des prouesses en marchant sur quatre pattes et réaliser, entre autres, des sauts d'obstacles. Généralement, les passionnés de quadrobic portent un masque d’animal (félin, loup, équidé...), une queue et vont, parfois, imiter des cris animaux. Souvent, ces personnes affirment avoir une forte connexion avec un animal. C'est pour cette raison que beaucoup d'individus confondent cette discipline avec la thérianthropie.

• Les Animaux Guides :

Il s'agit d'une croyance culturelle, présente, par exemple, chez les autochtones d'Amérique, où chaque être humain est lié astralement à un animal terrestre. Notre Animal Guide n'est pas notre identité, mais plutôt une entité extérieure à nous-même qui possède donc un prénom, un genre, une apparence spécifique à lui-même.