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Shift et compagnie : Le lexique

  • Photo du rédacteur: Ammalie
    Ammalie
  • 20 févr. 2020
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 déc. 2024

Le mot anglais « shift » signifie, en français, « changement / transformation ». Le shift représente le moment où une personne alter-humaine va connaître une variation de son humanité. À ce moment-là, l'humanité de la personne va, à degré variable, céder place à sa non-humanité. L'expression de ses actes, ses pensées et de ses instincts seront, plus ou moins, régis par « ses pulsions non-humaines ».


Un shift ne définit pas l'animalité d'un alter-humain. Une personne non-alter-humaine peut tout à fait faire l'expérience d'un shift. De la même manière, il est tout autant légitime, pour certains alter-humains, de ne jamais shifter de leur vie.

Le shift est différent chez chacun d'entre nous. Il peut être induit par un sentiment ou une émotion forte (grande joie, colère, peur...) et peut s'exprimer de manière fluctuante tant par le degré de non-humanité que par la durée du shift : tout dépend de l'individu, de la situation ou encore de l’élément déclencheur. Le shift ne nécessite pas une perte de l'humanité du shifteur. Celui-ci peut très bien garder un grand self-contrôle et agir de manière raisonnée.

Le shift n'a pas besoin d'être extrême ou impressionnant pour être réel. Le shift peut être très discret, tranquille et silencieux, il peut être totalement invisible d’un point de vue extérieur.

Il ne faut pas oublier qu'un shifteur garde toujours le contrôle de son corps. La personne n'est pas possédée par une entité quelconque. Il s'agit simplement d'une traduction animale des ressentis actuels de l'individu concerné : la personne agit ou pense simplement d’une manière différente, mais reste là, présente, consciente.

Le shift n'excuse jamais la violence ou un mauvais comportement en public. Être alter-humain ne permet pas à un individu de marcher à quatre pattes dans la rue, à uriner sur le trottoir ou à aboyer sur les passants. Les règles de vie en société restent les mêmes pour tout le monde. Si un alter-humain est convaincu qu’une entité extérieure a la capacité de prendre le contrôle de son corps, je ne peux que lui conseiller de consulter un psychiatre ou d'en parler à son médecin traitant. Il peut s'agir de lycanthropie clinique, une forme de psychose où l'on se croit capable se changer en bête. L'individu concerné pense vivre véritablement ces douloureuses transformations.


Je vais vous donner quelques exemples des shifts les plus abordés dans les communautés alter-humaines. Avant tout, je tiens à préciser que ces termes ne définissent pas forcément la l'alter-humanité en tant que tel et que certaines personnes préfèrent se détacher des étiquettes. Certains individus souhaitent se moderniser, aller au-delà de ces termes potentiellement désuets créés dans les années 90. C'est à vous de voir s’ils sont pertinents pour vous et si vous souhaitez les utiliser ou non. Il faut rappeler que ceux-ci ont pour unique but d’aider les personnes à exprimer leur ressenti et non d’établir le degré de légitimité d’une personne.

  • Shift (shift-mental) :

Un shift mental est la variation de l'humanité/l'animalité d'un individu. La plupart du temps, il désigne le moment où le côté « non-humain » de la personne concernée prend le dessus sur son côté plus humain. La personne pense et agit alors à la manière de son thériotype ou kintype.

  • Shift fantôme :

Un shift fantôme, ou encore la sensation d'un « membre fantôme surnuméraire », désigne la sensation de posséder un membre que notre corps humain physique ne possède pas. Ce terme est souvent utilisé pour décrire une expérience connue par les personnes amputées qui ont le sentiment de toujours ressentir leur membre manquant, ayant parfois des douleurs dans ce membre inexistant. La personne peut, alors, sentir des ailes, de la fourrure, des nageoires, des cornes… accrochés à son corps pendant une durée variable. Ces membres ne sont ni palpables, ni visibles, que ce soit par soi-même ou par les autres. Comme dans le cas des personnes amputées, il est possible que la personne vivant un shift fantôme ait l’impression de pouvoir toucher ses membres invisibles, voire même avoir une impression de douleur.

  • Shift sensoriel :

Cela désigne le sentiment d'avoir les capacités sensorielles de son animal ou de sa créature. Un thérian aigle aura, par exemple, la sensation d'avoir une meilleure vue. Cependant, ce n’est qu’une impression, un effet placebo en quelque sorte. Le shift sensoriel ne donne pas physiquement la capacité d'améliorer son ouïe, son odorat, sa vue, son toucher ou son goût. Toutefois, avoir certaines capacités sensorielles - un bon odorat, par exemple - peut pousser un individu à s'identifier en tant qu'un certain type d'animal ou de créature dû à sa similarité avec celui-ci.

  • Shift onirique : 

Il s’agit du moment où la personne alter-humaine va faire un rêve où elle se comporte, pense ou se change en son thériotype. On parle de shift onirique uniquement quand le rêve est très intense.

  • Caméo-shift : 

Il s'agit d'une expérience où un thérian va shifter en un autre animal que celui auquel elle s’identifie. Un individu non-thérian peut égalment en faire l'expérience (shapeshifter). Ce type de shift peut être lié à une cause psychologique, à une cause ésotérique, à de la méditation ou encore à un animal guide (chose à ne pas confondre avec la thérianthropie).

  • Shift physique : 

Certaines personnes parlent parfois de shift physique, soit la capacité de se transformer littéralement en son animal ou en sa créature. Cela est juste impossible malheureusement et relève purement et simplement de la fiction. Certains troubles psychiques tels que la lycanthropie et la zoanthropie clinique peuvent donner l'illusion à la personne atteinte de pouvoir se changer en animal. Cette psychose est reconnue et requière des soins pour mieux vivre la condition des individus concernés.

Il existe encore de nombreuses variantes de shifts moins populaires, souvent en lien avec la spiritualité et/ou la réincarnation.

Vivre un shift est une expérience très personnelle et intime. Deux alter-humains, même ayant le même thériotype ou kintype, ne vont pas forcément vivre ces expériences d'une façon identique.

Pour certaines personnes, le shift serait comme un interrupteur on/off : « off » signifiant que la personne se vit comme pleinement humaine, « on » signifiant que la personne devient mentalement son animal ou sa créature.

D'autres ne perçoivent pas les choses de cette façon. Ils pensent qu'un shift n'est pas un simple interrupteur, mais plus une question de degré, comme avec une sorte de pourcentage changeant : 0 % correspondrait au sentiment d'être totalement humain, 25 % signifierait ressentir une très forte humanité avec un fond d'animalité, 50 % serait le juste-milieu, puis, en s'approchant du 100 %, la personne finirait par devenir totalement son être non-humain. Il est impossible d'atteindre le 100 % (hors lycanthropie clinique).

La majorité des alter-humains shiftent. D'autres non. Ce n'est pas une obligation pour être entièrement légitime dans son identité. Certaines personnes n’ont pas l’envie de shifter, ou n’aiment pas cette sensation.

On me demande souvent comment se traduit un shift mental. D'après ce que j'ai pu lire, regardé, et même d'après ma propre expérience un shift mental va :

  • Changer l'état d'esprit d'un alter-humain en laissant sa non-humanité prendre le dessus. Ses préoccupations habituelles telles que faire ses devoirs, descendre les poubelles, répondre à un sms de son petit ami... vont - de manière provisoire - se changer en les préoccupations de son thériotype ou kintype : chasser, marquer son territoire, se cacher, sociabiliser comme le ferait un animal… Un alter-humain ne va pas perdre totalement conscience de son humanité. Il sait toujours faire la part des choses et « sortir » de son shift si besoin, par exemple, s'il y a un accident, un incendie… shifter n’est pas synonyme de perte totale de contrôle de soi.

  • Parfois pousser l'individu à se comporter comme le ferait son thériotype ou kintype (dans les limites du possible, bien entendu). C'est souvent une occasion pour se libérer, écouter ses pulsions et se laisser aller. Un alter-humain peut aimer mordre, faire du bruit (aboyer, hurler, grogner, couiner, miauler...), se déplacer comme le ferait son thériotype ou thériotype (en faisant du quadrobic par exemple), donc faire vivre sa bestiole intérieure : la libérer de ses chaînes et l’exposer au grand jour. Un alter-humain va très souvent adopter le comportement de son animal (hurler s'il est un loup, ruminer s'il est une vache, gronder s'il est un draghon, taper du pied s'il est un taureau, battre des bras/ailes s'il est un phénix...). Bien entendu, aucun alter-humain ne va se comporter ainsi dans la rue ou dans un lieu public, nous ne sommes pas délirants et nous connaissons tous les codes pour vivre normalement en société. Ceux qui prétendent que l’on agit ainsi en public sont soit des personnes ignorantes, soit des personnes haineuses tentant de nous attirer les foudres des autres ou de nous décrédibiliser. Durant un shift, il est aussi agréable d'être accompagné par d'autres personnes alter-humaines ou proches acceptant notre animalité. Il est toujours agréable de jouer, de s'agiter, d'exister sans avoir peur d'être jugé, voire d’avoir l’occasion de vivre un shift à plusieurs, en même temps. D'autres alter-humains sont moins expressifs et la totalité du shift peut se passer dans leur tête.

  • Ne jamais conduire à un mauvais comportement (violence, actions inadéquates en public...). Excuser un acte en disant « c'est mon animal/ma créature qui a fait ça » n'a aucune valeur, nous diabolise aux yeux des autres et nuit à la communauté.

  • Comme dit juste au-dessus, parfois un shift va exacerber les sens d'un alter-humain. Je ne pense pas que l'ouïe, l'odorat ou même la vue des alter-humains peuvent réellement se décupler. Je suppose, cependant, qu'un shift va pousser un alter-humain à plus se focaliser sur ses sens. Un bruit fort peut provoquer un plus grand sursaut que d'habitude. Une odeur peut devenir désagréable ou plus agréable au contraire. Un alter-humain ayant un thériotype/kintype avec une mauvaise vue peut se focaliser davantage sur son ouïe, son odorat et son toucher pour se repérer. Là encore, tout dépend de la personne.

Contrairement à tout ce que les clichés sur les personnes alter-humaines prétendent, un shift n'est pas que l’expression de la colère, mais tout le panel d'émotions et de comportements non-humains : cela peut être de la peur, joie, excitation, détente, sociabilité, chasse, envie de se reproduire...Un alter-humain apeuré peut réagir par un shift, avec une envie de fuite.

En revanche, un alter-humain heureux et à l'aise peut aussi shifter car il se sent bien en étant dans certaines conditions favorables (qui dépendent de chaque individu concerné).

Chaque shift est unique et légitime. Un shift volontaire permet de réduire les tensions, se laisser aller à qui on est réellement, il peut se réaliser loin du regard des autres. Exister dans un cadre adapté, se permettre d'être qui l'on est vraiment peut libérer des endorphines, aider à se calmer et diminuer l'anxiété.

Au final, je pense qu'un shift, c'est surtout se laisser aller à son animalité intérieure. Un shift est la libération des pulsions non-humaines enfouies... Mais un shift n'empêche pas l'humanité, un shift peut se contrôler, se maîtriser (plus ou moins facilement).

Enfin, un shift est une réalité et doit être accepté, les moqueries que l’on reçoit n’effaceront jamais cette vérité : elles la rendent juste douloureuse à vivre.


1 Comment


Coffee★⨺⃝
Coffee★⨺⃝
Dec 02, 2024

Très bonne article :3 😁

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